(…) Dans les années 1870, les régiments de cavalerie britanniques rédigeaient les règles du polo moderne. (Le marquis) Curson (de Kedleston, Vice-roi d’Inde 1859-1925) a craint que le polo des tribus des montagnes « soit anglicisé jusqu’à ne plus le reconnaitre ». Heureusement, il n’en est rien. Leh, capital de Ladakh, sur la crête nordique du Kashmir, au nord de l’Himalaya, organise le Festival International de Polo de Ladakh, partie d’un plus grand festival annuel d’arts, la première semaine de septembre. S’il pouvait y assister, Lord Curson serait étonné de la longévité des règles du polo des tribus des montagnes. De nos jours, des équipes de six joueurs s’affrontent sur des chevaux Zanskari (autrement dit, des bêtes de somme polyvalentes sur les petites propriétés rurales). Chaque cheval joue la partie entière, deux mi-temps de 20 minutes avec une pause de dix minutes. Et cependant, pas un cheval ne semble fatigué à la fin du match.
(…)Sans l’interruption du sifflet d’un arbitre, le jeu de polo de Ladakhi est rapide et fougueux. Indépendamment d’un gardien de but aux extrémités, oubliez les positions, le marqu age et les passes sont aléatoires et spontanés. Si le polo des tribus des montagnes n’a pas la grâce, la discipline et la finesse tactique du jeu moderne, il le compense par une vraie exubérance.
Vous pourriez aussi bien comparer le ballet classique au rock n’roll. Il est également souvent drôle (…), les spectateurs fournissent une grande partie de la rigolade. Chaque journée de polo attire les citadins par le bruit de tonnerre des sabots ; les paysans, les moines bouddhistes et les randonneurs occidentaux se rendent au Maidan, équivalent indien de la place du village européen, un espace public pour tous les rassemblements politiques et les concerts folkloriques.
Et le polo. Derrière le petit mur de pierre et dans les rangées de sièges, les spectateurs courent se mettre à l’abri quand les joueurs et les chevaux poursuivent une balle errante dans les stands. Quand le jeu se déplace à une extrémité du terrain, ils courent à sa poursuite et reviennent dans le désordre au retour de la balle.
Comme de par le passé, les tambours et les trompettes signalent le début du jeu ainsi que les buts marqués. Les milliers de spectateurs encouragent les longs tirs au but et éclatent de rire lors des collisions et des tirs manqués.
Le dernier mot sur le polo de l’Himalaya, revient à Lord Curson : « je ne prétends pas comparer ce type de jeu plutôt primitif (à Manipur et à Hindu-Kuch) avec la sophistication qui peut être vue à Hurlingham ou Meadowbrook, plus qu’on ne pourrait comparer le cricket de village à un test-match à Lords (…).
Mais les jeux les plus sophistiqués n’auraient jamais existé ou n’auraient pas évolué sans ces robustes montagnards qui ont préservé les traditions et maintenu l’esprit glorieux du jeu au cours des siècles ».
Pour en savoir plus : www.indianpolo.com
Ecrit par Chris Ashton, correspondant pour Polo Players’ Edition.