En Argentine, il ne doit pas y avoir beaucoup de familles de joueurs de polo comme celle-ci ! Chris Ashton a visité une estancia unique, entièrement tenue par une famille de 4 soeurs dont le nom sonne remarquablement anglais.

A 70 kms au sud de Buenos Aires, dans les pâturages luxuriants de la pampa se trouve un bloc de 50 hectars, plat comme une planche à repasser. Son nom : Ipona. D’abord ferme laitière familiale, elle a accueillit des génération successives de chevaux de 3 à 4 ans – tous issus de grands hippodromes ou d’autres estancias – sélectionnés pour leur tempérament et leur physique comme autant de chevaux de polo potentiels. Ils sont entrainés pendant une année ou deux, avant d’être introduit au polo, suite à quoi ils seront revendus dans la communauté des joueurs.
Alors, quoi de neuf? L’Argentine regorge de fermes spécialisées dans la reproduction ou la préparation de chevaux de polo pour répondre à l’explosion de la demande en matière de polo, à l’échelle mondiale. Selon la Fédération Internationale de Polo, la liste des pays jouant au Polo a doublé de 40 à 80 en seulement 10 ans. La croissance globale de la popularité de ce sport, couplé à la domination de la tradition argentine dans la distribution de produits et services liés à cet univers (et une monnaie sous-évaluée) ont contribué a augmenté le nombre d’éleveurs et de préparateurs de polo dans le pays.
La force d’Ipona se trouve dans l’équipe qui la compose : 4 soeurs, toutes dans leur trentaine. Sans aucune aide extérieure, elles s’occupent de tout – de la tonte du terrain de polo à la découpe des bovins, du débourrage des chevaux à leur préparation pour jouer dans des équipes de polo. Encore plus inhabituel, elles sont d’origine anglaise par leur père, d’où leur nom : Gedge.

Les sœurs Gedge sont descendantes des Vikings, ceux qui envahirent l’Angleterre il ya 1.000 ans, et qui arrivèrent dans le Vieux-Buckenham, Norfolk. Leur grand-père paternel, un avocat, vécu à Hong Kong où il a fut nommé juge. Il a embrassé la culture cantonaise, tant et si bien qu’on le surnomme le “chinois” Gedge parmi ses paires britanniques.
Son seul fils, Herbert Johnson Gedge, a fait ses études à Marlborough College et à Sandhurst, et a servi avec les hussards 18 sur le front occidental, où il a été détaché auprès des reconnaissance aérienne des cibles ennemies pour l’artillerie britannique. Il démissionne en 1924, il émigre en Argentine à l’âge de 26 ans. Un an plus tard, il achete Ipona. Bien déterminé à s’intégrer, il engage un coach linguistique – Inez Maria Romero Garranza, la fille d’une illustre famille d’origine espagnole – avec qui il se fiancera ensuite. L’espagnol est la langue maternelle de leur fils, Richard (aujourd’hui 70 ans), qui épousera à son tour une autre latine, Maria Laura, d’origine franco-italienne. La femme de Richard est décédé il y a quelques années.
Soulignant leur héritage génétique maternel, rien dans l’apparence des Gedge ne dénote leur origine anglo-Viking sauf dans le cas de Christina, qui s’illustre comme capitaine de l’équipe et principale gestionnaire.
L’espagnol est leur langue maternelle, l’anglais (dont la maîtrise varie d’une soeur à l’autre) vient en deuxième place.

Le soutien de leur père dans leur petite entreprise a joué un rôle déterminant. Il a mis la ferme familiale à leur disposition, et leur a appris à conduire un tracteur, et réparer l’évier. Maintenant, il gère les comptes et s’occupe de ses petits-enfants, quand ils ne sont pas à l’école. S’il admet volontiers que les chevaux n’ont jamais été son truc (avouant qu’à ses yeux, ils se ressemblent tous), il reconnaît avoir à côté sa propre passion : le pilotage, et ce, depuis 45 ans. Depuis la piste d’atterrissage Ipona, il emmène son petit-fils pour des rotations hebdomadaires avec son monomoteur Colt.
L’histoire d’amour de Richard avec l’aviation s’exprime aussi par son intérêt pour les modèles réduits d’avions, méticuleusement fabriqués à la main, dont certains avec des moteurs miniatures pour vol. Son obsession précoce pour le combat et les bombardiers a depuis laissé place à une préférence pour le pilotage d’avions civils, et en particulier les petits avions monomoteurs.
Dans le secteur de la préparation et de la vente de chevaux de polo, les sœurs Gedge savent s’adapter à toutes les échelles du marché. Leur force pour intégrer les chevaux dans le jeu réside dans leur infinie patience, et un engagement spécial à la persuasion douce, qui s’oppose par nature à l’application permanente de menaces et sanctions. Cravaches et éperons ne font pas partie de leur vocabulaire.

Ce qui leur manque peut être dans ce marché ultra-concurrentiel, c’est peut être un savoir-faire et les moyens d’obtenir la véritable valeur de leurs chevaux de 6 ou 7 ans. Leur prix de vente est généralement autour de 3000 $ US. Les chevaux sont vendus à des clubs de polo dans la région de Pilar et aux vendeurs ayant accès à des marchés plus vastes et, par conséquent, des marges bénéficiaires plus large – pour le grand bonheur des acheteurs étrangers, qui paieront ensuite le double ou le triple de ce que le marché local propose.

La plus grande réussite des soeurs Gedge est la vente réussie d’une jument de cinq ans, Parasina, il y a 3 ans. La jument a été vendue au père des célèbres frères Novillo Astrada, dont l’équipe La Aguada a remporté la très convoitée Triple Couronne Argentine, tournoi de polo de haut-handicap en 2003, et qui demeure à ce jour l’une des six meilleures équipes du pays.
L’aide à la formation et à la préparation de votre cheval se trouve désormais à portée de main, et de plus en plus de personnes à travers le monde sont séduites par l’approche originale des sœurs, ainsi que par les résultats finaux.

Basé à Buenos Aires, l’entrepreneur français Alexis Ruffat recherche des sponsors pour l’équipe des soeurs Gedge, Handycup, afin de supporter les coûts de transport de leurs chevaux aux tournois.
Son site internet www.poloconsult.com.ar, est spécialisé dans la promotion et l’information des tournois et produits liés à l’univers du polo auprès d’une communauté à dominance française et anglo-saxonne, s’est associé à la estancia Ipona et son offre de service.

Pour tout renseignement supplémentaire, consultez Alexis Ruffat à info@poloconsult.com